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Les Enquêtes d 'Erlendur

Arnaldur Indridason

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J'ai lu ce livre dans le cadre du Cold Winter Challenge 2019, organisé par Margaud Liseuse. Ces enquêtes rentraient dans la catégorie Stalactites ensanglantées, qui regroupait les polars, les policiers, les romans à énigmes. Si j'ai sélectionné ce livre, c'est pour sa couverture qui faisait étrangement écho au titre de la catégorie, mais aussi parce que l'histoire se déroule en Islande, un pays froid, qui convenait bien à la période de l'hiver.

Ce livre de 1050 pages est un intégral qui regroupe trois romans de l'auteur islandais Arnaldur Indridason, il y a donc trois enquêtes policières indépendantes. Le livre comprend La Cité des Jarres, La Femme en Vert, La Voix, trois romans qui se suivent chronologiquement mais aussi dans l'ordre de parution. On suit un enquêteur de la police criminelle, Erlendur, au début des années 2000. C'est un homme d'une cinquantaine d'années, assisté de Sigurdur Oli et d 'Elinborg, plus jeunes et moins expérimentés.

Le premier roman, La Cité des Jarres, commence avec la découverte du corps d'un vieil homme chez lui. Ses voisins le connaissent peu, tout comme ses collègues, personne ne semble vraiment savoir grand chose sur lui, mais on le dit agréable et sans histoires. Assassiné chez lui par un coup à la tête porté par son propre cendrier, la seule piste est un mot griffonné sur un papier : "Je suis lui". Une enquête de quartier révèle qu'un homme rôderait dans les parages et aurait agressé deux vieilles femmes chez elle. Sans autre piste convaincante, tout semble indiquer que l'homme a été assassiné par cet individu. Pourtant Erlendur n'y croit pas, surtout lorsque sa mentor, à présent à la retraite, lui rapporte une plainte déposée contre le mort des années auparavant, pour viol.

Il n'y a pas beaucoup de mystère dans ce roman, j'ai deviné qui était l'assassin rapidement, mais c'était intéressant de voir le processus et l'enquête menée par les policiers pour comprendre et obtenir des preuves qui confirmaient leur hypothèse. Même si Erlendur, lui aussi, comprend rapidement ce qui s'est produit, il a besoin de preuves, et surtout de découvrir l'identité de l'assassin, bien qu'il sache son lien avec la victime. C'est un roman très tourné vers le passé, avec des passages en italique qui relatent des faits antérieurs à l'enquête, mais surtout, il met en avant l'impact que des actes passés peuvent avoir sur le présent.

Dans le second roman, La Femme en Vert, un enfant découvre des ossements sur le chantier de construction d'une maison, pas très loin de chez lui. Les ossements semblent être là depuis longtemps et la police fait appel à une équipe d'archéologues pour extraire le corps du sol. En parallèle, on suit une famille à l'époque de la Seconde Guerre Mondiale, un couple avec leurs trois enfants. Le père est violent et bat sa femme, tout en lui infligeant des violences verbales et morales. Les enfants sont témoins et victimes, leur père exerce une telle emprise sur eux qu'ils ont peur rien qu'en le voyant. L ' enquête se tourne vers les habitants du quartiers, en particulier ceux qui sont là depuis longtemps, et Erlendur découvre qu'à l'emplacement des ossements se trouvait une maison, qui a depuis été rasée. On se rend compte progressivement que cette famille a vécu dans cette fameuse maison disparue.

Cette fois encore, il n'a pas été difficile de deviner ce qui s'est passé, à qui appartiennent les ossements, qui l'a tué. Tous les éléments sont placés dès le début du roman pour qu'on devine seul. Encore une fois, ce qui était intéressant, c'était la façon dont est menée l'enquête, comment l'auteur pousse son lecteur à tirer ses propres conclusions. Avec une conclusion aussi prévisible dès les premières pages du roman, j'ai été très déçue par cette histoire, je n'avais pas l'impression de lire un roman policier avec une énigme, mais plutôt une tranche de vie, un roman sur les violences conjugales et les drames qui s'en suivent. Néanmoins, le sujet des violences est assez bien traité.

Le dernier roman de cet intégral est La Voix. Un employé est retrouvé assassiné dans le cagibi qu'il habite, au sous-sol de l 'hôtel où il travaille. L'évènement se produit au moment des fêtes de Noël est l'hôtel est plein à craquer. La victime était portier, mais faisait aussi office d'homme à tout faire, ainsi que Père Noël pour les enfants. Personne ne semble vraiment connaître l'homme. La seule piste est le préservatif encore en place retrouvé sur le cadavre. Les enquêteurs cherchent à découvrir les petits secrets de l'hôtel, ce qui aurait pu pousser quelqu'un à tuer cet homme sans histoire. D'un autre côté, ils découvrent que la victime était un enfant-star, fait non-ordinaire, et l'enquête se dirige plutôt dans ce sens.

Contrairement aux deux précédents romans, je n'ai pas deviné la fin à l'avance. Le seul indice que j'ai trouvé au tout début du roman ne permet pas de deviner l'identité de l'assassin. J'ai trouvé la révélation un peu comme tombée du ciel, un peu à la Agatha Christie : "tu pensais à ça ? Eh bien non, en fait c'est ça, tu t'y attendais pas hein ? Et vlan !". A la fin, ma réaction a été de me dire "Tout ça pour ça ?". Je n'ai pas trouvé ce roman très intéressant.

De façon générale, l'écriture est assez fluide, la lecture est facile, mais je ne sais pas si cela vient de la plume de l'auteur ou de la traduction. Les lieux sont décrits de façon précise, on se retrouve avec des noms de quartier, de rue, mais si on ne connait pas la ville de Reykjavík et ses alentours, ces passages sont un peu inutiles, puisqu'on ne peut pas situer. Les romans se suivent chronologiquement, avec une trame principale, la grossesse  d'Eva Lind, la fille d'Erlendur, mais si on n'a pas lu les romans précédents, il y a de brefs rappels alors ce n'est pas dérangeant. On sent dans chaque roman l'importance du passé, que ce soit en rapport avec les meurtres ou dans la vie personnelle des personnages, en particulier chez Erlendur, qui n'arrive pas à vivre dans le présent, à cause de son passé. J'espère que dans les romans suivants suivants sa psychologie est un peu plus développée, qu'on en apprend un peu plus sur lui, parce que pour le moment il m'apparait surtout comme l'archétype de l'enquêteur un peu rustre, dont l'instinct le pousse toujours sur une autre piste, mais qui a bien sûr toujours raison.

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